
Fatigue climatique ?
La transition socio-économico-environnementale semble stagner. Même le ministère de l’Environnement veut nous faire avaler des couleuvres en nous disant que les émissions de GES ont diminué. En réalité, elles ont augmenté. La diminution enregistrée est attribuable à l’achat de droits sur le marché du carbone . Les organismes se multiplient, mais on dirait tout de même que la sensibilisation s’essouffle. Peut-être a-t-on atteint un plateau ? Peut-être a-t-on rejoint les individus joignables avec des arguments scientifiques ? Alors, il faut utiliser une autre stratégie afin d’amener davantage de personnes à adopter un modèle de transition viable. Est-ce réellement une fatigue climatique ou faut-il changer l’argumentaire? Économistes aidez-nous !
Nouvel indice
Un changement d’indicateur économique serait le bienvenu. Le PIB est un indicateur de croissance économique, mais il est « aujourd’hui moins représentatif des conditions de vie de la majorité de la population qu’il ne l’était jadis ». C’est avec beaucoup de plaisir et d’espoir que j’ai pris connaissance du dernier document de l’ONU « Urban Development Beyond Growth ». Le rapport remet en question la mesure du PIB pour déterminer le bienêtre d’une société, d’un pays. Il invite à développer de nouveaux modèles de gestion plus centrés sur le mieux-être de l’humain plutôt qu’uniquement basé sur la croissance économique. L’institut national de la statistique et des études économiques de France (INSEE) contestait l’emploi de cet indicateur en avril 2023. Elle concluait que cet indice devrait être modifié pour tenir compte des externalités sociales et environnementales dans le calcul des couts et des revenus des entreprises. Ce nouvel indice pourra donner une meilleure indication du bienêtre des habitants dans un pays. Économistes aidez-nous !
Taxe sur le carbone
Actuellement la taxe sur le carbone est un enjeu électoral. Bien des citoyens croient que les taxes sont une forme d’imposition indue et ne croient pas qu’ils en bénéficient. Or, indépendamment de ce que l’on peut croire, les taxes servent également de moyens de régulation économique. Dans le cas de la taxe sur le carbone, l’effet régulateur est indéniable. En 2019, 3600 économistes signaient une lettre pour appuyer la taxe sur le carbone en indiquant qu’il s’agissait du moyen le plus efficace et le moins couteux. L’instrument entrainerait l’industrie à réduire sa dépendance aux énergies fossiles. Comme le soulignait avec beaucoup de justesse James K. Boyce, les économistes peuvent contribuer à l’effort d’adaptation aux changements climatiques, mais ils ne peuvent pas tout faire.
Les couts sociaux du carbone
Les économistes ne peuvent pas fixer les objectifs de réduction des émissions de carbone. La limite de 1,5 à 2 C prévue dans les accords de Paris provient d’un consensus scientifique sur les capacités d’adaptation de nos sociétés humaines aux variabilités climatiques engendrées par l’augmentation de la température globale de la planète. En revanche, les économistes peuvent évaluer les couts sociaux du carbone. Malheureusement, il n’existe pas de formule universelle pour calculer les couts sociaux du carbone, cela occasionne des débats stériles puisque l’on ne s’appuie pas sur les mêmes données. Les chercheurs appellent à une uniformisation du calcul des couts sociaux du carbone et surtout à l’inclusion de la croissance des dommages irréversibles causés à l’environnement dans les paramètres du PIB.
Économistes, aidez-nous !
Les économistes jouent un rôle important dans notre société. Ils conseillent les gouvernements, les financiers et les entreprises. Le Québec est bien mal parti dans sa stratégie pour la transition énergétique. Les 700 millions perdus par les aventures de M. Fitzgibbon dans la croissance verte sont une démonstration claire que le gouvernement, superministre ou pas, ne doit pas faire cavalier seul pour aller chercher des investissements. On ne crée pas un plan vert après une visite de quatre jours à Davos. Il est vraiment trop facile de commettre des erreurs pour ensuite blâmer les autres. Alors, espérons que 2025 nous apporte davantage d’avis éclairés d’économistes sur la taxe sur le carbone et sur le PIB comme mesure du bienêtre au Québec. La transition, c’est l’affaire de tout le monde !
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